Les films des frères Larrieu font penser à ces blagues de potache dont l'auteur attend que les naïfs y voient une philosophie de l'existence. Dans le genre, le titre de leur cinquième film, adaptation du roman de Philippe Djian "Incidences", est une perfection : "L'amour est un crime parfait". Voilà qui veut tout dire, donc absolument rien. Mais on ne se convainc qu'après avoir retourné ce titre dans tous les sens, occupation dont le film laisse tout le loisir au spectateur. Les Larrieu y mettent en scène deux de leurs interprètes de prédilection, Mathieu Amalric et Karin Viard : Marc, qui dirige un atelier d'écriture, et Marianne, bibliothécaire dans la même université suisse, sont frère et soeur, et vivent dans un très joli chalet. Les étudiantes de Marc sont du genre saute-au-paf, ce dont il ne se prive pas de profiter, au risque de susciter l'inquiétude, et peut-être l'envie, de son directeur (Denis Podalydès), lequel se révèle bientôt avoir des vues sur Marianne. Une de ses belles amoureuses ayant disparu au matin d'une nuit de feu, Marc voit débarquer la jolie belle-mère de l'étudiante (Maïwenn) qui l'entreprend elle aussi. Bref, il est question de séduction et les parties de jambes en l'air ne manquent pas. Mais tout cela est entièrement cérébral, mode soeur, maman, putain (Sara Forestier, que le film maltraite), donnée qui justifie que la chose demeure à l'écran désincarnée. Mais comme le péché originel qui torpillait "Peindre ou faire l'amour", où déjà il n'était question que de "ça", on s'interroge. Mathieu Amalric se démène avec une vaillance louable, et c'est à lui que le film doit de n'être pas ennuyeux, seulement anodin. Bien entendu, il est permis de sourire au spectacle des deux noms discrètement inscrits sur une sonnette : "Godard Straub", et de chanter en choeur que des cinéastes comme les Larrieu, il n'y en a que deux.
Pour sauver son fils, Cornelia est prête à tout : à intriguer, mentir, manipuler, corrompre. Est-ce d'amour maternel qu'il est question ? Le fils est trentenaire et s'il est en danger, c'est qu'il a tué accidentellement un enfant, un enfant de pauvres. Or, Cornelia est riche. Elle est aussi possessive, et ne supporte pas que son fils, le grand amour de sa vie, puisse se passer d'elle. La mécanique de Calin Peter Netzer est implacable, suite de longues séquences enchaînées sans transition, d'une intensité croissante, servies brûlantes, portées par la composition d'une actrice,Luminita Gheorghiu, dont le grand mérite est de rester toujours au service du film et de son personnage
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